« J’ai appris à être content de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie. »
L’année dernière, une situation particulière m’a contrainte au confinement pendant six mois : d’Avril à Octobre 2019, j’ai dû passer les trois quarts de mes journées à regarder la vie défiler à travers les fenêtres de mon appartement. À ce moment précis, deux options m’avaient été offertes, dont je refusais catégoriquement la première pour des raisons de convictions personnelles et la seconde qui consistait entre-autre en une séance de natation d’au moins une heure par jour, un minimum de quatre jours par semaine.
A priori, l’exercice me paraissait simple même si mon dernier contact avec une piscine datait de l’année précédente, baignades qui se résumaient à quelques minutes de barbotage et de jeux avec des amies, dans l’attente du moment ultime, le barbecue! Cela étant, durant les premières semaines de natation, j’étais essoufflée telle une personne victime de strangulation sans même avoir complété la moitié de la première longueur. Par le fait même, je me présentais chaque jour au centre sportif complètement découragée, mais je savais que je devais persévérer, je devais y arriver, je ne devais pas lâcher car ma survie en dépendait. Ensuite, à force de détermination et de persévérance, le vent a commencé à tourner et j’avais désormais hâte à ces après-midis où le grand bassin, quasiment vide durant cette période de l’année, n’attendait que moi pour tracer des sillons dans ses eaux et y laisser parfois une onde centrifuge.
À posteriori, je réalise que durant ces temps de vulnérabilité, Dieu voulait m’apprendre quelque chose d’essentiel; une leçon qui a peut-être une portée plus profonde que ce que je comprends aujourd’hui, mais concrètement, je devais réapprendre à respirer. Non pas cette respiration inconsciente dont nous jouissons tous les jours sans même nous en rendre compte, mais une respiration sous l’eau, une respiration sous pression, une respiration réfléchie, soutenue et maîtrisée, une respiration en situation de crise. Désormais, chaque respiration comptait; chaque bouchée d’air que j’ingurgitais lorsque j’avais la tête hors de l’eau, garantissait le nombre de coups que je porterais sur l’eau afin de me rendre jusqu’à l’autre bord.