« Bravo madame, c’est une fille! » s’est exclamée la sage-femme un 4 mars dans ce petit hôpital d’un quartier modeste de Bujumbura. Cette journée est désormais devenue une journée de célébration dans la vie du poupon, mais également de sa mère et de sa grand-mère. D’ailleurs, comme maman et papa avaient déjà perdu leur premier bébé, qui était également une fille, ils souhaitaient tellement avoir la joie d’embrasser à nouveau une petite fille. Grand-maman elle, avait demandé que ce bébé, s’il s’avérait qu’elle soit une fille, devienne son homonyme: Thérèse!
Oui, ce petit bébé né dans un coin reculé d’un petit pays d’Afrique de l’Est, c’est moi.
Oh Père céleste, ma naissance n’a pas été une surprise pour toi. Tu dis dans ta parole qu’alors que mon corps n’était qu’une masse informe, j’avais déjà été conçue de toute éternité dans ta pensée. Tu pensais à moi et tu étais ravi dans ton Esprit. Tu as cogité, tu as réfléchi sur chaque détail de ma vie. Tel un peintre, tu as donné des coups de pinceau sur mon visage, sur mon cou et sur chaque pourtour de mon corps. Tu as examiné ta palette de couleur puis tu as choisi le bleu, le jaune et le rouge, tu les as mélangées, et voilà pourquoi ma peau a des reflets majoritaires bruns. Tu as voulu aussi que mes yeux soient bruns, mes cheveux noirs, mes lèvres tendant vers le rose, mon nez joliment déposé en plein centre de ma figure, et un visage ovale. Quant à mon corps, tu l’as fait mince et petit. Donc l’emballage de cet être que je suis n’a certainement pas pris beaucoup de matériels pour être ce chef-d’œuvre aujourd’hui.
Après cela, tu as pris un livre, un livre dont la couverture était d’or et dont les pages étaient toutes blanches. Tu as commencé à écrire un poème. Ce poème est l’histoire de ma vie sur terre. Et tel un poète, tu as pris une plume, tu l’as trempée dans ton encre, et cette encre était de couleur rouge. Tu as voulu que toute mon existence sur terre soit marquée d’un fil rouge, qui me servirait de salut et de rempart si un jour les désirs du monde de moi s’emparent. Tu as voulu que ma vie soit un psaume rythmé, écrit parfois en prose, d’autres fois en vers. Quelquefois, j’ai l’impression d’être dans une romance, d’autres fois dans une épopée, sinon dans un roman dramatique, mais la beauté est que le couplet se résout toujours en hymne d’amour.