Pour couronner le tout, les effets de la mondialisation laissent leur empreinte partout et engendrent ce que l’on pourrait qualifier de standardisation de la beauté. De Shanghai à Lomé, de Bombay à Baltimore, les critères de beauté sont désormais coupés sur mesure. Pour être jugé beau ou belle il faut être mince, élancé, poitrine généreuse pour les femmes, torse musclé pour les hommes, babines charnues, et le reste s’y greffera éventuellement comme des « à-côtés » dépendamment de l’ascendance ethnique et des préférences de la personne. De toutes façons, pour pallier les carences, la chirurgie plastique, la micro-dermabrasion, le botox et une panoplie d’autres pratiques ou accessoires sont à la portée de certains.
Ce qui m’amène à parler du miroir! Le miroir, cet accessoire si indispensable dans le monde contemporain mais qui sert malheureusement à bien des égards à entretenir le culte du moi. Ainsi, c’est sans surprise que la symbolique du miroir dans la Bible rappelle son utilisation dans la vie séculière: d’un côté, le miroir est un accessoire nous permettant de regarder notre propre image afin d’ajuster ce qui ne va pas ou d’améliorer ce qui est déjà bon; de l’autre, le miroir est perçu comme un accessoire de vanité à travers lequel on peut regarder sa propre image dans le but d’admirer à quel point on est belle, bonne et pourquoi pas, parfaite!
Faisant un léger détour dans le temps, la Bible nous parle d’un épisode où des femmes ont préféré donner à Moïse leurs miroirs afin qu’il les destine à un usage bien précis. Nous trouvons ce merveilleux passage dans Exode 38,8
« Il fit la cuve d’airain, avec sa base d’airain, en employant les miroirs des femmes qui s’assemblaient à l’entrée de la tente d’assignation. »
Pour nous mettre dans le contexte, le peuple d’Israël vient d’être libéré après quatre cents ans d’esclavage en Égypte. Dieu demande à son peuple de construire un Tabernacle qui serait entre Dieu et l’homme un lieu de rencontre ponctuelle. En plein cœur de la place, Dieu exige qu’on y construise une cuve à base d’airain. Et cette cuve d’airain devait contenir de l’eau qui servirait à se laver les mains et les pieds avant de pénétrer dans le Lieu Saint. Et la Bible nous précise que la cuve était faite à partir des miroirs que les femmes avaient donnés généreusement en offrande lors de la construction du Tabernacle. D’ailleurs, la tradition juive nous rapporte dans le Midrash que Moïse aurait d’abord refusé ces miroirs qui étaient à l’époque considérés comme des accessoires à caractère profane favorisant la séduction, les désirs charnels et le culte du moi. Mais Dieu aurait repris Moïse et déclaré qu’il agréait favorablement cette offrande et honorait cet acte de dépouillement dont faisaient preuve ces femmes.